

L’accident tragique qui a coûté la vie au chauffeur de Joël Emboni et grièvement blessé le candidat du RPM ce dimanche 21 septembre ne constitue pas un fait divers isolé. Il met en lumière une réalité sombre des périodes électorales au Gabon : la route devient un acteur à haut risque de la course au pouvoir.
Chaque scrutin ravive le débat sur la sécurité des équipes de campagne, soumises à un rythme effréné sur un réseau routier souvent défaillant.
La fatigue est la première cause suspectée dans ce drame survenu à l’entrée de Makokou. Les candidats et leurs équipes enchaînent les meetings, parcourent de longues distances jour et nuit pour atteindre les électeurs des localités les plus reculées.
Cette cadence infernale, couplée au stress de la compétition, pousse les organismes à leurs limites. Les chauffeurs, maillons essentiels de cette logistique, sont en première ligne.

L’endormissement au volant, souvent évoqué, est une menace constante que les impératifs du calendrier électoral ignorent.
En 2022, les autorités attribuaient déjà la fatigue à l’un des facteurs humains majeurs dans les 1 399 accidents enregistrés dans le pays.
À ce rythme soutenu s’ajoute l’état d’une grande partie du réseau routier national. Selon les statistiques, seul 20% du réseau routier soit 10000 km, est bitumé, et une part importante des voies non revêtues est en mauvais état.

Pistes dégradées, nids-de-poule, absence de signalisation ou d’éclairage transforment chaque déplacement en un défi.
En août 2023, en pleine campagne présidentielle, un véhicule de l’équipe du candidat Mike Jocktane s’était renversé entre Batouala et Mekambo, faisant plusieurs blessés graves. Le candidat avait alors lui-même dénoncé l’impraticabilité du réseau routier.
Ces accidents ne sont pas une fatalité. Ils interrogent sur la responsabilité collective et les mesures de prévention à adopter durant ces périodes de forte tension.

Au-delà des discours politiques sur le développement des infrastructures, la question de la sécurité routière des acteurs de la démocratie devrait s’imposer comme une priorité.
Sans une prise de conscience et des mesures concrètes, comme l’aménagement des temps de repos pour les conducteurs ou une meilleure planification des tournées, les campagnes électorales continueront de payer un lourd tribut sur l’autel de la conquête politique.